Les pierres bleues

Mettre au monde. Amener à la lumière. Donner forme. Rencontrer.
Comme un mouvement qui vient de l'intérieur.  
Je suis le spectateur, l'enregistreur de cette pulsion que mes mains connaissent.
Sagesse des mains, découvrir cette vie qui les anime. Le toucher rude et doux de la pierre.

Travailler la pierre. Laisser la place à l'inconscient. Suivre le fil de la pierre, le fil de ma vie qui entre en résonance. Par grandes saignées de la disqueuse, par éclats de la pointe, par cassure, par polissage patient.

Qu'est-ce qui est là? Déjà. Enfoui. Ce bloc de pierre. Ce bloc. Silencieux. Opaque. Fermé d'être lisse, coupé par des mains étrangères avant d'être soulevé, choisi, par mes mains.

Caresse de la pierre. Apprivoisement.
Où entamer cette surface. Entailler. Patience. Faire confiance.
Pas pour une ressemblance mais pour une expression.

Être attentif. La peau sensible. La main libre.

Les noms.  Nommer, c'est mettre ma marque, c'est mettre à distance. En face. Voilà. Comme un geste final.